ÉCRIRE oblige bien souvent à rester cloîtré devant un paquet de feuilles. Si la nature se cache, l’écrivain aussi. Mais il faut bien le regarder, le monde ; le parcourir, le noter, avant de peut-être l’écrire. On pense parfois en savoir trop sur les humains, et pas assez sur les plantules et les bestioles. Alors, on va y voir d’un peu plus près, et l’on devient naturaliste sans l’avoir vraiment décidé, comme ça, au hasard des cheminements et au gré du temps. La FADOEN, “Fondation Alain Demouzon pour l’observation et l’étude de la nature”, n’a pour unique membre que son président fondateur. Elle a pour objet le bonheur de connaître et de nommer, de côtoyer, “cette fierté sans gloriole du marcheur qui appelle par son nom chaque herbe du chemin et en éprouve un sentiment de fraternité avec l’univers” (Atlas de la nature à Paris).

ATLAS DE LA NATURE À PARIS

Le Passage & Atelier parisien d’urbanisme, Paris, octobre 2006.


L’amateur amoureux

avant-propos

par Alain Demouzon

(extraits)


La nature doit s’apprendre. Elle ne s’expose pas avec évidence. Elle « aime à se dérober », avertissait Héraclite, philosophe antique. Et Blaise Pascal, philosophe du Grand Siècle, confirmait dans son Traité du vide : « Les secrets de la nature sont cachés : quoiqu’elle agisse toujours, on ne découvre pas toujours ses effets. » Le nature est donc un monde de forces mystérieuses qui souvent nous échappent, avec des énigmes à résoudre et des enquêtes à mener. L’attentif naturaliste des rues est un détective qui ne se sépare jamais de son petit carnet dans la poche, ni de son regard interrogateur.

[…]

On l’aura compris, je me réclame de cette confrérie diffuse, qui s’organise parfois en associations, mais procède d’abord d’un sentiment personnel, et volontiers solitaire, de présence et d’accueil au monde d’où découle cette disponibilité à l’observation et à la contemplation — qui n’est pas une hébétude, mais une attention réflexive, une pensée active.

[…]

J’ai recopié cette phrase de Jules Renard, notée dans son Journal : « J’arrive à la sécheresse idéale. Je n’ai plus besoin de décrire un arbre : il me suffit d’écrire son nom. » À cette époque, les noms me manquaient. L’emploi du mot approprié est nécessaire au naturaliste autant qu’à l’écrivain (cet atlas est aussi un guide du juste mot). On peut hésiter entre « feuillage » et « ramure », tergiverser entre « verdure » et « frondaison », mais il faut savoir appeler un charme un charme ! Et ne pas baptiser « acacias » les sophoras de nos avenues, surtout quand nos « acacias » parisiens sont en vérité des robiniers. À cause d’un arbre dont j’ignorais le nom, je devins donc petit dendrologue des coins de rue. Un mot qu’il me fallut apprendre, du grec dendron qui veut dire arbre. Dans le logos de la nature listée par les humains, il y a autant de grec et de latin que dans la grammaire et la philosophie, preuve que rien de tout cela n’est futile. Le territoire des noms est un pays enchanteur où fourmillent, clapotent, s’envolent et foisonnent les substantifs aux épithètes poétiques, voire homériques (cet atlas en apportera souvent la preuve). Cette petite araignée dérisoire dont je replie la toile en fermant mes volets, c’est la
Zygielle des fenêtres ; dans le houppier du Bouleau verruqueux, au pied duquel s’ébouriffe une touffe de Dactyle pelotonné, ce décompte d’apothicaire est bien celui du Pouillot véloce, passereau chétif mais obstiné ; l’Épeire diadème tisse sa toile dans le bambou de la courette ; un Bombyx paradoxal est venu se perdre dans mon salon, où les soirées estivales y invitent aussi l’Eupithécie de la tanaisie, la Tipule du chou ou la Noctuelle du dactyle (pour biotope propice à la ponte, s’adresser au pied du bouleau.) Au-delà de la grande vitre près de laquelle est installé le petit bureau sur lequel je travaille, j’ai vu rôder le Faucon crécerelle, se percher le Chardonneret élégant, chanter le Rouge-queue noir et le Verdier d’Europe, et sautiller sur le toit de zinc la Bergeronnette grise. À la fin de l’hiver dernier, un chevron d’Oies cendrées, en migration vers le nord, s’est dessiné dans le carré de ciel gris de ma fenêtre, m’illuminant d’un bonheur primitif, au plus bel instant de ce hasard qui m’avait fait lever le nez de ma feuille.

[…]

Mon herbier des trottoirs n’est fait que de mots sur du papier. J’ai appris le respect d’une nature plus fragile qu’on ne croit (les supposées « mauvaises herbes », réputées tenaces et virulentes), et paradoxalement plus diverse qu’on ne le pensait. J’ai découvert cette fierté sans gloriole du marcheur qui appelle par son nom chaque herbe du chemin et en éprouve un sentiment de fraternité avec l’univers. Dans mon récit sur le 13e arrondissement de Paris, intitulé Le Gendarme des barrières (éd. Arcadia, 2003), j’ai livré une première moisson de 129 espèces folles et sauvages rencontrées au pied des murs, le long des caniveaux, dans les fissures du bitume, au seuil des jardins, tout autour de chez moi, dans un périmètre limité par les stations de métro les plus proches. Un an plus tard, je peux y ajouter une trentaine de nouveautés, qui affinent mon petit bilan personnel. Chaque espèce nouvellement rencontrée témoigne de l’attention de mon regard, de la vivacité du coup d’œil – plus utile au capteur d’oiseaux qu’au fureteur d’herbes folles ; la botanique demande plutôt des genoux flexibles, c’est une activité d’accroupissement dont les objets de désir ne sont pas susceptibles de s’enfuir.


 


La liste de 129 espèces, établie en 2001, approche désormais les 200 variétés, si l’on y inclut des horticoles plantées en talus fleuri sur certaines zones du tramway T3 (photo ci-dessous, à la poterne des Peupliers, Paris 13e, mai 2007). Mais bien des trouvailles apportées dans la terre des conteneurs de nouvelles plantations arborées n’ont été que les passantes d’une saison fugace. La liste originelle a été renforcée ici des nouveautés, dont nous avons enlevé les plantules d’arbres à venir, pourtant rencontrées comme de “mauvaises” herbes entre les joints des pavés ou au rebord des trottoirs: Ailante, Bouleau verruqueux, Buddleia (Arbre à papillons), Catalpa, Sycomore, Figuier, Lilas, Savonnier, Sureau, Robinier… Liste copieuse pour un promeneur, mais sans doute mince pour un véritable botaniste.


Extrait de : Le Gendarme des barrières, Arcadia, 2003 :


”La plupart des espèces inventoriées ici l’ont été, d’avril à septembre 2001, au cours de quelques promenades fouinardes, mais aussi de simples déplacements quotidiens. Au-delà de ce fondamental état des lieux, les nouveautés se sont logiquement faites plus rares. Les plantes évoquées doivent être considérées comme « sauvages », spontanées ou subspontanées (ayant essaimé à partir de variétés cultivées par ailleurs dans les parcs et jardins). Toute l’observation s’est faite dans un périmètre dont le diamètre est celui de la distance qui sépare les stations de métro Porte-d’Ivry et Bibliothèque-François-Mitterrand, un bon kilomètre à vol d’oiseau. Cette zone n’a pas été systématiquement prospectée. L’essentiel des identifications a été réalisé dans un rayon de deux cents mètres autour de ma maison.“

   

Achillée millefeuille, Achilea millefolium – Aigremoine eupatoire, Agrimonia eupatoria Alysson maritime (Corbeille d’argent), Lobularia maritima – Anthrisque commun, Anthriscus caucalis – Arabette des dames, Arabidopsis thaliana (Sisymbrium thalianum) Armoise annuelle, Artemisia annua – Armoise commune, Artemisia vulgaris – Ballote noire, Ballota nigra – Bardane (Grande Bardane), Arctium lappa – Bec-de-grue, Erodium circutarium – Benoîte commune (Herbe de Saint-Benoît), Geum urbanum – Berce commune (Patte d’ours), Heracleum sphondylium – Berce du Caucase, Heracleum mantegazzianum – Bouillon blanc (Bonhomme), Verbascum thapsus – Bourse-à-pasteur, Capsella bursa-pastoris – Brunelle commune, Prunella vulgaris – Campanule sp., Campanula – Cardamine hérissée, Cardamine hirsuta – Carline commune, Carlina vulgaris – Carotte sauvage (C. commune), Daucus carota – Céraiste commun, Cerastium fontanum Céraiste tomenteux, Cerastium tomentum – Chardon crépu (Chardon faux acanthe), Carduus crispus – Chélidoine (Herbe-aux-verrues), Chelidonium majus – Chénopode blanc, Chenopodium album – Chénopode hybride, Chenopodium hybridum – Chénopode vulvaire (Arroche puante), Chenopodium vulvaria – Chou potager, Brassica oleracea – Cirse des champs, Cirsium arvense – Cirse lancéolé (Chardon), Cirsium vulgare – Clématite des haies, Clematis vitalba – Coquelicot, Papaver rhoeas – Corydale jaune, Pseudofumaria lutea – Crépide à vésicules, Crepis vesicaria – Crépide capillaire, Crepis capillaris – Datura stramoine (Jusquiame), Datura stramonium – Diplotaxis des murailles, Diplotaxis muralis – Épilobe de(s) montagne(s), Epilobium montanum – Épilobe hirsute, Epilobium hirsutum – Euphorbe omblette, Euphorbia peplus – Euphorbe réveille-matin, Euphorbia helioscopia – Fougère : Capillaire, Asplenium trichomanes ; Capillaire de Montpellier, Adiantum capillus veneris – Fougère: Doradille sp., Asplenium sp. – Fougère : Dryoptéris (Phégoptérys), Phegopterys connectilis – Fraisier horticole (var. F; des bois), Fragaria indica (Duchesnea fragerioides) – Fumeterre officinale, Fumaria officinalis – Gaillet commun, Galium mollugo – Gaillet gratteron, Galium aparine – Gaillet jaune, Galium verum – Galinsoga cilié, Galinsoga ciliata – Galinsoga à petites fleurs, Galinsoga parviflora – Genêt “nain”, Genesta sp. ‘nana’ – Géranium grêle, Geranium pusillum – Géranium Herbe-à-Robert, Geranium robertianum – Giroflée (Violier), Erysimum (Cheiranthus) cheiri Grande marguerite, Leucanthemum vulgare – Herbe-aux-chantres, Sisymbrium officinale – Impatiente de Balfour, Impatiens (balsamina) Balfouri – Laiteron âpre, Sonchus asper – Laiteron des champs, Sonchus arvensis – Laiteron potager, Sonchus oleraceus – Laitue des murailles, Lactuca muralis – Laitue scariole, Lactucca serriola – Lamier blanc (Ortie blanche), Lamium album – Lamier maculé (Lamier maculé pourpre), Lamium maculatum – Lampsane (Lapsane, Graceline), Lampsana (lapsana) communis – Lierre commun, Hedera helix – Linaire commune, Linaria vulgaris – Liondent d’automne, Leontodon automnalis – Liseron des champs, Convolvulus arvensis – Liseron des haies, Calystegia  sepium – Lotier corniculé (Pied-de-poule), Lotus corniculatus – Lupuline (luzerne Mignonnette), Medicago lupulina Matricaire inodore, Tripleurosporun inodorum – Mauve sylvestre (Grande Mauve), Malva sylvestris – Mauve (Petite Mauve), Malva neglecta – Mauve grêle, Malva pusilla – Mauve Lavatère, Lavatea arborea – Mélisse officinale, Melissa officinalis – Mercuriale annuelle, Mercurialis annua – Millepertuis perforé, Hypericum perforatum – Morelle Douce-amère, Solanum dulcamara – Morelle noire, Solanum nigrum – Mouron des oiseaux (M. blanc), Stellaria media – Mouron rouge, Anagallis arvensis – Myosotis des champs, Myosotis arvensis – Népéta des jardins, Nepeta x faasenii –Népéta glabre, Nepeta nuda – Nigelle de Damas, Nigella damascena – Onagre (hybride), Oenothera salicifolia (ou O. fallax ?) – Orpin blanc (Trique-madame), Sedum album – Ortie dioïque (Grande Ortie), Urtica dioica – Oseille des prés, Rumex acetosa – Oxalis corniculé (à fleurs jaunes), Oxalis corniculata – Pâquerette, Bellis perennis – Pariétaire
diffuse (x de Judée), Parietaria diffusa (x judaica) – Passerage drave (Pain-blanc), Lepidium draba – Patience à feuilles obtuses, Rumex obtusifolius – Persicaire, Persicaria maculosa – Petite pervenche, Vinca minor – Picride épervière, Picris hieracioides – Picride vipérine, Picris echioides – Pissenlit (Dent de lion), Taraxacum Sect. Ruderalia (of.) – Plantain lancéolé, Plantago lanceolata – Plantain majeur (Grand Plantain), Plantago major – Plantain moyen, Plantago media – Poivre de muraille, Sedum acre –Porcelle enracinée, Hypochaeris radicata – Potentille rampante, Potentilla reptans – Pourpier potager, Portulaca  oleracea – Rave, Brassica rapa – Ravenelle (Radis ravenelle), Raphanus raphanistrum – Renoncule âcre (Bouton-d’or), Ranunculus acris – Renoncule rampante (Bouton-d’or) Ranunculus repens – Renouée des oiseaux, Polygonum aviculare – Réséda des teinturiers (Gaude), Reseda luteola – Ronce commune (à mûres), Rubus fruticosus – Rose trémière, Alcea rosea – Ruine-de-Rome, Cymbalaria muralis – Salicaire commune, Lythrum salicaria – Saponaire officinale (Savonaire) Saponaria officinalis – Srofulaire du printemps, Scrophularia vernalis – Séneçon commun, Senecio vulgaris – Séneçon Jacobée, Senecio jacobæa – Sénevé (Ravenelle, Moutarde), Sinapis arvensis – Sisymbre (Vélar) fausse-moutarde, Sisymbrium altissimum – Sisymbre irio (Vélaret), Sisymbrium irio –  Sisymbre sagesse (Sagesse des chirurgiens), Descurainia sophia – Trèfle hybride (rampant, blanc), Trifolium hybridum (repens) – Tussilage (Pas-d’âne), Tussilago farfara– Vergerette du Canada, Conyza canadensis – Véronique à feuilles de lierre, Veronica hederifolia – Véronique de Perse, Veronica persica Vesce printanière, Vicia lathyroides – Vipérine commune, Echium vulgare.

    Graminées : Alpiste des canaris, Phalaris canariensis Blé (froment), Triticum æstivum Brome stérile, Bromus sterilis Calamagrostide, Calamagrostis varia Chiendent, Agropyron (Elymus) repens – Chiendent des chiens, Elymus caninus (Agropyron c.) – Dactyle pelotonné, Dactylis glomerata – Digitaire sanguine (Sanguinette), Digitaria sanguinalis – Fétuque des prés, Festuca pratensis – Fétuque géante, Festuca gigantea – Houlque laineuse, Holcus lanatus – Millet des bois, Millium effusum – Millet des oiseaux, Setaria italica – Orge queue-de-rat, Hordeum murinum – Panic (Pied-de-coq, Panisse), Echonochloa crusgalli – Pâturin annuel, Poa annua – Pâturin commun, Poa trivialis – Pâturin des prés, Poa pratensis – Ray-grass (Règras), Lolium perenne – Scléropoa raide, Scleropoa rigida Griseb. – Sétaire verte, Setaria viridis – Sétaire verticillée, Setaria verticillata – Vulpie queue-de-rat,  Vulpia myuros – Vulpin des champs, Alopecurus agrestis (myosuroides).


 

Extrait d’un hommage, sous forme d’alphabet, à son ami poète et naturaliste québécois Pierre Morency, par Alain Demouzon. 1ére publication dans Autre Sud, n° 23, décembre 2003.


                                                                               

                        “ La langue française a mis dans le mot oiseau toutes les voyelles de l’alphabet. ”

                                                                   Pierre Morency, À l’heure du loup.


Arbre

“Garde toujours ta pensée à la hauteur des arbres” encourage Jules Renard, dans son Journal (9 mai 1894). L’avant-veille, il a noté : Cette jolie idée de Saint-Pol Roux que les arbres échangent des oiseaux comme des paroles”. Pour Pierre Morency, “les paroles marchent dans la nuit”, et “à ceux qui trouvent les mots pour vous nommer, oiseaux, salut !” Tous les arbres d’écriture forment une unique forêt où nichent tous les oiseaux de la “froide merveille de vivre”. Histoires naturelles de l’ancien monde, Histoires naturelles du Nouveau Monde : héritage de racines et de branches. La vraie question n’est peut-être pas de savoir qui a commencé, de l’œuf ou de l’oiseau. N’est-ce pas plutôt l’arbre qui a précédé, attendu et finalement inventé l’oiseau ?


L’usage est d’origine britannique, qui consiste à noter et établir la liste “work in progress” des oiseaux observés depuis le coin de sa fenêtre, quand on relève, ou pas, le nez de sa feuille…

“Peu de choses” diront certains, et “beaucoup” diront d’autres Parisiens qui ne voient que trois ou quatre espèces alentour. On est ici passage Bourgoin, Paris 13e, dans l’encaissement d’une courette qui, heureusement, laisse échapper le regard au-dessus des toits, vers un grand bout de ciel.


Accenteur mouchet —Prunella modularis

Bergeronnette grise — Motacilla alba

Chardonneret élégant — Carduelis carduelis

Choucas des tours — Corvus monedula

Grand Cormoran — Phalacrocorax carbo

Corneille noire — Corvus corone corone

Étourneau sansonnet — Sturnus vulgaris

Faucon crécerelle — Falco tinnunculus

Fauvette à tête noire — Sylvia atricapilla

Geai des chênes — Garrulus glandarius

Goéland argenté — Larus argentatus

Grive musicienne — Turdus philomela

Martinet noir — Apus apus

Merle noir — Turdus merula

Mésange bleue — Parus cæruleus

Mésange charbonnière — Parus major

Moineau domestique — Passer domesticus

Oie cendrée — Anser anser

Pic vert — Picus viridis

Pie bavarde — Pica pica

Pigeon ramier — Columba palumbus

Pigeon [biset] de ville — Columba livia (ssp)

Pinson des arbres — Fringilla coelebs

Pouillot véloce — Phylloscopus collybita

Roitelet huppé — Regulus regulus

Rouge-gorge familier — Erithacus rubecula

Rouge-queue noir — Phoenicurus ochruros

Troglodyte mignon — Troglodytes troglodytes

Verdier d'Europe — Carduelis chloris

Illustrations: A. D., carnets

En marge des activités littéraires : Sternes naines, un dimanche matin du 7e “Festival international du roman noir de Frontignan”, Hérault, juin 2004. — Perruche à collier, lors du 4e “Total polar” de Bruxelles, février 2007.— Bagadais casqué, après les rencontres et animations au Centre culturel français de Cotonou, Bénin, novembre 2002.


Je ne pourrais pas vivre à Paris, y a pas d’arbres…”

Nos amis de province


Voici une liste de presque 150 espèces d’arbres rencontrées au gré de promenades dans le 13e arrondissement de Paris. Parfois, avec un guide d’identification dans la poche, parfois avec des notes rapportées dans le carnet et un prudent “prélèvement d’échantillons botaniques” de feuilles, de fruits ou de graines. On pourrait ajouter 40 espèces (au moins) d’arbrisseaux et de plantes grimpantes. Les définitions visant à distinguer les arbres des arbustes, et les arbustes des arbrisseaux (et des sous-arbrisseaux !), varient selon les auteurs et les hauteurs… On peut appeler “arbre” une plante ligneuse d’un seul tronc au départ du sol et pouvant atteindre au moins 6 mètres.


Abricotier – Ailante / Faux Vernis du Japon – Alisier blanc – Amélanchier – Arbousier commun – Arbre aux concombres / Magnolia (Magnolier) à feuilles acuminées – Arbre à pochettes, Davidia involucrata – Arbre à encens / Libocèdre ou Cèdre blanc de Californie – Arbre de soie / Arbre à soie /Albizzia Julibrissin – Arbre de Judée – Araucaria / Pin du Chili / Désespoir du singe – Aubépine / "Épine blanche" ( à flor. "écarlate") – Aulne glutineux – Aulne à feuilles en cœur / A. de Corse / A. d'Italie – Bouleau à papier – Bouleau blanc – Bouleau de l'Himalaya – Bouleau (pubescent) pleureur – Bouleau verruqueux – Buddleia de Chine (Arbre à papillons), Buddleja davidii  [Plutôt un arbuste, limité à 5 m, mais si fréquent dans l’arrondissement…] –  Buis commun – Catalpa de Caroline – Cèdre de l'Atlas – Cèdre bleu de l'Atlas – Cédrèle de Chine – Cèdre de Chypre, Cedrus brevifolia – Cerisier à fleurs du Japon (à préciser; nbses var.) – Cerisier de Sargent – Cerisier Montmorency (Griottier) – Cyprès porte-pois / Cyprès de Sawara – Cytise de Voss – Charme commun – Charme fastigié – Charme houblon – Chêne de Hongrie – Chêne pyramidal / Ch.fastigié / Ch. Des Pyrénées – Chêne rouge d'Amérique – Chêne rouvre – Chêne vert / Yeuse – Citronnier – Clérodendron / Arbre du destin – Copalme d'Amérique / Liquidambar – Cornouiller sanguin / Bois-puant – Cryptoméria du Japon – Cyprès chauve / Cyprès des marais – Cyprès  – Cyprès (bleu) de Goa/de Busco/du Mexique – Épicéa du Colorado / "Sapin bleu" / Sapin du Colorado – Érable blanc / É. Argenté / Plaine blanche, à vérifier (graines) – Érable champêtre – Érable (plane) de Schwedler – Érable négondo / Érable à Giguère (Québec) – Érable (sycomore) pourpré – Érable rouge / Plaine rouge / É. r. de Virginie, à vérifier (graines) – Érable palmé – Érable sycomore – Érable trident / É. de Buerger / É. trifide – Eucalyptus commun (Gommier) – Févier d'Amérique (sans épines) – Figuier commun – Frène à fleurs /Orne /Manne – Frêne commun – Gingko bilobé /Arbre aux 40 écus – Hêtre commun / Fayard – Hêtre pleureur – Hêtre pourpre – Houx commun – If d'Irlande / If fastigié – Jujubier / Cicourlier / Guindanlier – Laurier-cerise / Laurier-amande – Laurier noble / L. d'Apollon / L.-sauce / L. franc – Lilas commun – Lilas des Indes – Magnolia (Magnolier) à grandes fleurs – Magnolia (Magnolier) hybride de Soulanges [Loebner ?] – Magnolier hybride 'Lennei' – Magnolier de Kobé – Marronnier d'Inde (M. blanc) – Marronnier à fleurs rouges – Merisier – Micocoulier commun / Micocoulier occidental – Micocoulier de Provence / M. austral – Mimosa / Acacia dealbata – Mûrier à papier / Broussonetia – Mûrier blanc – Mûrier blanc pleureur – Mûrier noir – Néflier du Japon / Bibacier / Bibassier – Noisetier commun / Coudrier – Noisetier pourpré – Noisetier "tortillard" – Noisetier de Byzance / N. de Turquie – Nothofagus "Hêtre" oblique / Roble – Olivier de Bohême / Chalef – Orme anglais / O. d'Angleterre / O. champêtre (confus° av. Carpinifolia) – Orme champêtre / Ormeau – Orme de Samarie – Orme de Sibérie – Palmier de Chine – "Pamplemoussier" Grapefruit / Pomelo – Parasol chinois (Firmiana simplex) / “Wutong” – Paulownia impérial – Peuplier blanc – Peuplier de Berlin – Peuplier de Boll –  Peuplier d'Italie – Pin laricio / Pin de Corse – Pin noir d'Autriche – Pin de l'Himalaya – Pin sylvestre – Pittospore de Chine 'Tobira' – Platane commun – Poirier – Poirier de Chine – Poirier pleureur à feuilles de saule – Pommier à fruits – Pommier à fleurs / "Pommetier" (Québec) – Pommier d'api – Pommier du Japon – Prunier d'Ente – Prunus pourpré / Prunier myrobolan, de Pissard, de Perse… – Ptérocaryer du Caucase / Noyer du Caucase – Robinier faux acacia – Sapin blanc du Colorado / Sapin concolor de Low – Saule blanc (osier; à préciser, plus. sp.) – Saule fragile – Saule marsault – Saule pleureur – Saule tortueux – Savonnier / Koelreuteria – Sorbier des oiseleurs – Sorbier hybride / Alisier hybride – Sorbier intermédiaire /Alisier de Suède – Sophora du Japon – Sumac de Virginie – Tamaris – Thuya occidental – Thuya d'orient 'Elegantissima' / Arbre du paradis – Thuya géant / Th. géant de Californie / Th. de Lobb – Tilleul argenté – Tilleul commun – Tilleul à petites feuilles ou Tilleul du Caucase / de Crimée – Troène de Chine – Tulipier de Virginie – Zelkova / Orme zelkova – Zelkova du Japon.




 


Dans la maison ou dans la courette, seulement... Le promeneur s’était pourtant bien promis de se contenter des oiseaux (quelques centaines d’espèces), des plantes vivaces (quelques milliers). Mais pas les insectes ! Des centaines de milliers d’espèces, des millions !… Seulement, voilà, on finit bien par les remarquer, ces passagers d’un instant ou ces incrustés qui s’installent plus longuement. “ À qui ai-je l’honneur ? ”. On finit par avoir envie de connaître les noms et les usages. Après tout, on vit ensemble. Et ils sont certainement bien plus nombreux que ne peut l’établir ce recensement épisodique, maigrelet et désinvolte (on ne court tout de même pas après chaque bestiole qui passe). Tout en vrac :


Abeilles (fam. Apoidea) : Abeille à miel, Apis mellifera – Abeille solitaire, Osmia rufa [cornuta] – Anthidium septemspinosum [florentinum ?] – Anthophora plumidesHalictus rubicundus [possible] – Xylocope violet (Abeille charpentière), Xylocopa violaceaAndrena carbonaria (Andrenidae) – Aleurode, Mouche blanche, Aleyrodoidea sp. – AraignéesAraneidae : Épeire diadème, Araneus diadematus ; Zygielle des fenêtres, Zygiella x-notata – Clubionidae : Clubiona sp. – Liocranidae : Liocranum rupicola – Tetragnathidae: Meta segmentata – Pholque, Pholcus phalangioides – Araignées sauteuses: Salticidae sp. – Araignée “crabe” ou “cracheuse”, Scytodes thoracica – Tégénaire domestique, Tegenaria domestica ; Tegenaria duellica. – Theridiidae : Anolesimus aulicus; Steatoda bipunctata; Steatoda grossa; Theridion blackwalli Bourdon "cul blanc": Bombus hortorum; “Cul roux”: Bombus lapidarius (Bourdon lapidaire) – Charançon (Curculionidae): Otiorynque, Otiorhynchus clavipes – Cicadelle (Hémiptère – Homoptère – Cicadelloidae), Cicadelle sp.(Jassus lanio? J. bruneus?) – Cloporte (Isopode): Armadille vulgaire Armadillium vulgareCoccinelle à 2 points (Coléoptère, Carabidae), Adalia bipunctata – Coccinelle à 7 points, Coccinella 7-punctata – Dermeste (Coléoptère, Dermestidae) : larve d’Anthurus verbasci – Mouches (Diptères), Asilidae: Mouche à moustache, Asilie sp. – Dioctraia sp. (D. Rufipes ?) – Asilidae. Pamponerus germanicus – Athericidae: Ibisia marginata – Calliphoridae: Mouche à viande (M. bleue), Calliphora vicina – Calliphoridae ou Muscidae [?] Mouche verte, Lucilia caesar, ou Dasyphora, ou Orthellia ? – Calliphoridae: Mouche à damier, Sarcophaga carnaria – Nématocère — Culicidae: Moustique commun, Culex pipiens – Diptère Nématocère Anisopodidae: proche moustiques, Sylvicola fenestralis – Diptère Drosophilidae: Mouche du vinaigre, Drosophila sp. (D. funebris) – Diptère Pallopteridae: La Palloptère jolie, Palloptera muliebris (= pulchella) – Diptères Syrphidés: Helophilus pendulus (prox.) – Episyrphus balteatus – Sphaerophore notée, Sphaerophoria scripta – Éristale [gluante], Eristalis pertinax – Le Syrphe des corolles, Eupeodes corollae – Diptère Tephritidae: Acidia cognata – Fourmi noire des jardins (Formicidae) : Lasius [formica] niger (L.) – Fourmi rousse sp.Hémiptère/Homoptère — Fulgore (Issidae): La Cigale bossue, Issus coleoptratus – Hyménoptère apocrite / Ichneumonidae: proche Diplazon laetatorius – Hyménoptère (Vespoidea, Eumenidae) var. de Guêpe maçonne: Odynerus spinipes (L.) – Hyménoptère (Vespoidea, Eumenidae ?) Frelon, Vespa crabro – Hyménoptère (Symphite; "Mouche à scie"): Tenthredinidae, Athalia rosae (L.) – Hyménoptère (Térébrant Chalcidien): Torymus nitens –
Papillons, Lépidoptères : Pieridae : Piéride du chou, Pieris brassicae – Piéride de la rave, Pieris rapae Geometridae (arpenteuse): Hibernie défeuillante, Erannis defolaria [Photo ci-contre: chenille d’Hibernie défeuillante sur le bouleau de la courette, 2007] Sp. proche Idaea ou Camptogramma – Geometridae (Phalène): Idaea seriata – Acidalie étrille, Scopula nigropunctata – Nymphalidae: Belle-Dame, Cynthia cardui – Paon-du-jour, Inachis io – Vulcain, Vanessa atalanta – Robert-le-Diable, Polygonia c-album – Noctuelles: dessin proche Deltote deceptoria – subsp. Catocalinae ? – Le Maure (Crapaud, Lichénée des ponts), Mormo maura L. – Le Lambda, Autographa gamma – Le Vé d'or, Autographa pulchrina – La Fiancée (Le Hibou), Noctua pronuba – La Mariée (La Lichénée rouge), Catocala nupta – Noctuelle du dactyle, Oligia strigilis – Lépidoptère/Notodontidae: Bombyx disparate (Zigzag), Porthetria dispar – Lépidoptère/Phalènes: Brocatelle d’or, Camptogramma bilineata – Eupithécie de la tanaisie, Eupithecia succenturiataEupithécies sp. – Eupithecia sp [non certaine] Idaea seriata ? – Eupithécie veinée, Eupithecia venosata – Boarmie du chêne (Phalène du rouvre), Hypomecis roboraria – Boarmie rhomboïdale, Peribatodes rhomboidaria – Phalène ondée, Xanthorhoe fluctuata – Lépidoptère/Pyrales Pyralidae: Aglossine sp. (Mite alimentaire), Aglossa caprealis – Pyrale de la farine (Mite alimentaire), Pyralis farinalis – Pyrale indienne de la farine, Plodia interpunctella – Scoparie douteuse, Scoparia pyrabella – Lépidoptère/Satyrinae: Tircis, Pararge aegeria – Lépidoptère/Sphingidae: Moro-Sphinx (Sphinx colibri), Macroglossum stellatarum L. – Lépisme: Poisson d'argent, Lepisma saccharina – Mille-Pattes (Myriapodes): Lithobius variegatus ; Mille-Pattes (Myriapode chilopode): Scutigère véloce, Scutigera coleoptrata ; Glomeris marginata (Myriapode diplopode) – Neuroptère/Chrysopidae: Chrysope sp. – Chrysoperia carnera poss. Chrysopa pallens, ou formosa – Pou de(s) livre(s) – Psoque (Psocoptère - Troctidae), Troctes divinatorius (Liposcelis divinatorius) – Perce-oreilles (Dermaptera): Forficula auricularia – Petit perceur des grains (Bostrychidae), Rhizopertha dominica – Puceron vert, Aphididae sp. – Puceron jaune, Aphididea sp. – Puceron "jaune miel" (Aphididae): Puceron du sainfoin ? Aphididea sp. (Acyrthosiphon onobrychis ?) – Punaises (Hétéroptère pentatomidae) : Palomena prasina  –  Piezodorus lituratus – Pentatome des baies :  Dolycoris baccarum – (Hétéroptère): Gendarme/Suisse/Cherche-midi: Pyrrhocoris apterus – (Hétéroptère lygaeidae): Rhyparochromus piniSauterelles – Sauterelle (Tettigoniidae/Tettigoniinae) : Grande sauterelle verte, Tettigonia viridissima – (Tettigoniidae/Meconeminae): Meconema thalassina – Sauterelle (Tettigoniidae/Phaneropterinae): Leptophyes punctatissima – Ténèbrions (Coléoptère Tenebrionidae), Petit ténébrion, ou Ténébrion brillant, Alphitobius diaperinus (Tenebrio diaperinus) –Tribolium confusum [vérif.] – Tipules (Diptera tipulidae): Nephrotoma appendiculata – Nephrotoma quadrifaria – Vrillette du pain, Stegobium paniceum.


 

Sommaire de la page “Feuillage & Plumage”

L’amateur amoureux, l’Atlas de la nature à Paris

Abécédaire ébouriffé, hommage à Pierre Morency

“Window List”, des oiseaux vus de la fenêtre

Botanique des rues, l’herbier des trottoirs

Les arbres du 13e

Insectoïdes dans la maison

       
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If

C’est sous un if retombant, sombre et touffu que nous avons fini par nous réfugier, transis, tels deux oiseaux détrempés par la pluie de plus en plus féroce qui avait haché notre enthousiasme et testé notre imperméabilité. Il n’y avait bien que nous pour partir fureter aux oiseaux, dans les bosquets de lisière du bois de Boulogne, quelques jours passé la Saint-Sylvestre ! Paris digérait encore. Un vent de tempête bousculait le Bois. Les premières gouttes délavèrent mes fragments de cartes IGN aux itinéraires surlignés de phosphorescences. De toute façon, Pierre ne voulait que suivre ses intuitions, son flair, son fameux œil américain… Il partit à grandes enjambées. Dans un bosquet de lisière, une petite population virevoltante s’était réfugiée, plaquée dans les basses branches par les bourrasques. Ce fut une belle fortune de se confronter ainsi à un florilège peu farouche d’une vingtaine d’espèces parisiennes que des conditions normales n’auraient pas permis de contacter en si peu de temps et dans un espace si restreint. Nous rencontrâmes donc la Bergeronnette des ruisseaux et la Mésange à longue queue, le Verdier d’Europe et la Sittelle torchepot, et d’autres banalités plaisantes qui furent pour Pierre des nouveautés de l’ancien monde. Nous espérons maintenant un monument commémoratif, modeste mais de bon goût : “ Sous cet If commun (Taxus baccata), le 5 janvier 1998, vers trois et demie de l’après-midi, contraints par une pluie violente, se réfugièrent ici… ”

Carnets

Celui qui cherche la fraternité des oiseaux a besoin de sa propre plume. Tout s’envole et s’évapore si le petit carnet n’a pas été glissé dans la poche, bientôt dans la main, et le soir sous la lampe, pour fixer la mémoire, affiner la reconnaissance et réenchanter déjà le souvenir. “Carnets verts” (À l’heure du loup), “Carnet d’un écouteur”, “Carnet de l’homme-forêt” (Lumière des oiseaux). Celui qui marche aux oiseaux sans carnet écrit sur du vent.


Héron

Silhouette dégingandée, enjambées circonspectes qui hésitent à se poser sur la page sans encore y réfléchir un peu ; et, derrière les rondes lunettes, ce regard pensif et minutieux qui guette les mots à harponner, tout ruisselants de vie : avant même qu’on ait osé l’affubler de l’évidence de ce totem, le pêcheur des calmes eaux fécondes a dressé de lui-même son “ Portrait de l’auteur en héron ” (Lumière des oiseaux).

A.D. en naturaliste de terrain

Québec, avril 2006